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(Confidentiel) Pavel Durov, Telegram : « la France a failli interdire le chiffrement » dans vos applications de messagerie préférées

La France a failli devenir le premier pays au monde à imposer des portes dérobées dans les applications de messagerie chiffrées comme Telegram, Signal et WhatsApp. Que s’est-il vraiment passé ? Quels sont les risques pour la confidentialité numérique ? Revenons sur les faits.
Pavel Durov - France
Pavel Durov – France

« Le mois dernier, la France a failli interdire le chiffrement. Une loi obligeant les applications de messagerie à mettre en place une porte dérobée pour permettre à la police d’accéder aux messages privés a été adoptée par le Sénat. Heureusement, elle a été rejetée par l’Assemblée nationale. Pourtant, il y a trois jours, le préfet de police de Paris a de nouveau plaidé en sa faveur. » Pavel Durov (PDG de Telegram)

Rappel important du contexte : l’affaire Pavel Durov en France

Le débat autour du chiffrement en France s’inscrit dans un climat tendu entre Telegram et les autorités.

Le fondateur de l’application, Pavel Durov, a été arrêté à son arrivée à Paris le 24 août 2024 et placé sous enquête formelle pour complicité présumée d’activités criminelles via sa plateforme, notamment en lien avec le trafic de drogue et la diffusion de contenus pédopornographiques.

Devenu citoyen français en 2021, Durov avait pourtant tissé des liens étroits avec les élites politiques et économiques du pays avant ce retournement.

Son arrestation et l’interdiction temporaire de quitter la France ont ravivé un débat global sur l’équilibre fragile entre liberté numérique, souveraineté et sécurité.

Un projet de loi controversé poussé par le Sénat pour accéder aux messages privés chiffrés sur les applications de messagerie instantanées

Le mois dernier, le Sénat français a adopté discrètement une mesure qui aurait imposé aux applications de messagerie chiffrée, comme Telegram, WhatsApp ou Signal, de créer une « backdoor » — c’est-à-dire un accès secret — pour les forces de l’ordre.

Mais très vite, de nombreuses voix se sont élevées :

  • Atteinte massive à la vie privée : la suppression du chiffrement affaiblit la protection de tous les citoyens.
  • Risques techniques majeurs : une fois une porte dérobée créée, rien ne garantit qu’elle ne soit pas exploitée par des pirates ou des agents étrangers.
  • Efficacité remise en cause : les criminels se tourneraient vers d’autres outils plus discrets, tout en compliquant la tâche des autorités.

Heureusement, l’Assemblée nationale a rejeté ce projet, sauvant, temporairement, le droit à la confidentialité numérique.

Le 21 avril, Pavel Durov, CEO de Telegram, monte au créneau dans un thread X pour défendre le chiffrement

Dans une série de publications sur X (anciennement Twitter), Pavel Durov, fondateur de Telegram, a exprimé sa vive opposition à ce projet :

  • Il rappelle que même des pays jugés moins libres n’ont jamais osé interdire le chiffrement (comprenez, la Russie et la Chine).
  • Il souligne l’impossibilité technique de limiter une backdoor à un usage uniquement policier (et ça, ce n’est pas anodin).
  • Il affirme que Telegram, fidèle à ses principes, préfèrerait quitter un marché plutôt que de compromettre la sécurité de ses utilisateurs.

À ce jour, Telegram n’a, selon lui, jamais transmis un seul octet de conversations privées, même en 12 ans d’existence.

Toutefois, conformément à la loi européenne sur les services numériques, si une décision de justice valide lui était fournie, Telegram peut divulguer les adresses IP et les numéros de téléphone des suspects criminels, et non les messages.

Mon avis, qui n’engage que moi

Personnellement, je trouve cette situation à la fois inquiétante et révélatrice.

Inquiétante car elle montre à quel point des décisions mal informées peuvent mettre en danger des piliers fondamentaux du numérique (et de notre république).

Révélatrice car elle rappelle que la méconnaissance technique des législateurs peut entraîner des mesures contre-productives…

Imposer une porte dérobée au nom de la lutte contre la criminalité est une illusion dangereuse : les véritables criminels trouveront toujours d’autres moyens de communiquer, et le reste des utilisateurs verront leurs données personnelles moins sécurisées qu’auparavant.

La défense de la vie privée ne concerne pas uniquement les géants de la tech, les journalistes d’investigation ou les militants spécialisés.

C’est l’affaire de chacun d’entre nous.

Et vous, quel est votre avis ?

  • Que pensez-vous de cette tentative de loi ?
  • Comment votre entreprise protège-t-elle ses échanges sensibles aujourd’hui ?
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